Renversement de la colonne Vendôme
Le décret de la Commune de Paris qui ordonnait la démolition de la colonne Vendôme a été exécuté hier, aux acclamations d’une foule compacte, assistant sérieuse et réfléchie à la chute d’un monument odieux, élevé à la fausse gloire d’un monstre d’ambition.
La date du 26 floréal sera glorieuse dans l’histoire, car elle consacre notre rupture avec le militarisme, cette sanglante négation de tous les droits de l’homme.
Le premier Bonaparte a immolé des millions d’enfants du peuple à sa soif insatiable de domination; il a égorgé la République après avoir juré de la défendre; fils de la Révolution, il s’est entouré des priviléges et des pompes grotesques de la royauté; il a poursuivi de sa vengeance tous ceux qui voulaient penser encore ou qui aspiraient à être libres; il a voulu river un collier de servitude au cou des peuples, afin de trôner seul dans sa vanité, au milieu de la bassesse universelle: voilà son oeuvre pendant quinze ans.
Elle a débuté le 18 brumaire, par le parjure, s’est soutenue par le carnage, et a été couronnée par deux invasions; il n’en est resté que des ruines, un long abaissement moral, l’amoindrissement de la France, le legs du second Empire commençant au Deux-Décembre, pour aboutir à la honte de Sedan.
La Commune de Paris avait pour devoir d’abattre ce symbole du despotisme: elle l’a rempli. Elle prouve ainsi qu’elle place le droit au-dessus de la force et qu’elle préfère la justice au meurtre, même quand il est triomphant.
Que le monde en soit bien convaincu: les colonnes qu’elle pourra ériger ne célébreront jamais quelque brigand de l’histoire, mais elles perpétueront le souvenir de quelque conquête glorieuse dans le champ de la science, du travail et de la liberté.
Le gouvernement de Versailles vient de se souiller d’un nouveau crime, le plus épouvantable et le plus lâche de tous.
Ses agents ont mis le feu à la cartoucherie de l’avenue Rapp et provoqué une explosion effroyable.
On évalue à plus de cent le nombre des victimes. Des femmes, un enfant à la mamelle ont été mis en lambeaux.
Quatre des coupables sont entre les mains de la sûreté générale.
Le Comité de salut public:
Ant. Arnaud, Billioray, E. Eudes, F. Gambon, G. Ranvier.
Service médical
Nous avons l’honneur d’informer nos administrés que le service de consultations gratuites est rétabli ainsi qu’il suit:
Consultations à la mairie:
Tous les mardis, à une heure, le docteur Escoffier;
Tous les mercrdedis, à deux heures, le docteur Rochette fils, rue du Vertbois, 40;
Tous les lundis, à deux heures, le docteur Rochette père;
Tous les jeudis, à une heure, le docteur Guérard.
Les pharmacies tenues par les soeurs sont supprimées. Nous organisons une pharmacie centrale qui fournira à tous les besoins de nos administrés.
Les membres de la Commune,
Ant. Arnaud, Demay, Pindy, Clovis Dupont.
Rapports militaires
La guerre à Salut public.
Reçoit de porte Maillot la dépêche suivante:
Ce matin, trois heures, vive fusillade, bois de Boulogne, attaque très vive. J’ai donné l’ordre de tirer pour protéger l’action; l’ennemi a battu en retraite à quatre heures. Le feu du Mont-Valérien couvrait la porte Maillot et n’a eu aucun résultat, sauf deux hommes blessés à l’avancée. J’ai ordonné un tir à toute volée quand l’ennemi était en pleine déroute. Tous nos efforts couronnés de succès. L’ennemi attaque de nouveau; nous ripostons avec vigueur. Artillerie fait merveille.
Le colonel
Mathieu.
Aux artistes lyriques, chanteurs instrumentistes
Les citoyens et citoyennes artistes, attachés aux théâtres ci-après: Opéra, Opéra-Comique et Théâtre-Lyrique, et comptant à un titre quelconque dans le personnel du chant, de l’orchestre des choeurs, de la danse ou de la régie, sont invités à se réunir dans la salle du Conservatoire, mardi 23, à deux heures, à l’effet de s’entendre avec le citoyen Salvador Daniel, délégué par la délégation à l’enseignement, sur les mesures à prendre pour substituer au régime de l’exploitation, par un directeur ou une société, le régime de l’association.
Dimanche 21 au mardi 23 mai 1871
Mercredi 10 au mardi 16 mai 1871