JOURNAL OFFICIEL DE LA COMMUNE DE PARIS – 21 au 23 mai 1871

Dimanche 21 mai 1871 21maibas

Zouaves de la République
Aux hommes de coeur.
Citoyens,
Au moment où les gardes nationaux défenseurs de la République et de la Commune tombent sous le plomb des assassins de Versailles, malgré leur titre inviolable de prisonniers de guerre, nos coeurs ont bondi d’indignation, et nous jetons au milieu de vous, citoyens, notre cri patriotique: Vengeance!… Aidez-nous à l’assurer complète.
Et vous, enfants de la Commune de Lyon, venez à nous pour combattre sous le drapeau, que les premiers vous avez arboré.
L’habillement, la solde et les vivres sont assurés aussitôt après l’enrôlement. Armes à tir rapide. Les hommes inscrits à l’avance faisaient tous partie des anciennes compagnies de franc-tireurs.
Même solde que la garde nationale.
Le décret de la Commune relatif aux veuves, orphelins et blessés est applicable aux zouaves de la République.
Les bureaux sont situés:
1er bureau, rue du Faubourg Saint-Martin, mairie du Xe arrondissement;
2e bureau, place Voltaire, mairie du XIe arrondissement;
3e bureau, rue des abbesses, 8, à Montmartre (XVIIIe arrondissement);
4e bureau, à Belleville, mairie du XXe arrondissemnt.
De neuf heures à onze heures, et de deux heures à six heures.
Le commandant des zouaves de la République,
Lecaudet.

Lundi 22 mai 1871 22maifinbas

Paris le 21 mai.
AU PEUPLE DE PARIS, A LA GARDE NATIONALE.
Citoyens,
Assez de militarisme, plus d’états-majors galonnés et dorés sur toutes les coutures!
Place au peuple, aux combattants, aux bras nus! L’heure de la guerre révolutionnaire a sonné.
Le peuple ne connaît rien aux manoeuvres savantes, mais quand il a un fusil à la main, du pavé sous les pieds, il ne craint pas tous les stratégistes de l’école monarchiste.
Aux armes! citoyens aux armes! il s’agit, vous le savez de vaincre ou de tomber dans les mains impitoyables des réactionnaires et des cléricaux de Versailles, de ces misérables qui ont, de parti pris, livré la France aux Prussiens et qui nous font payer la rançon de leurs trahisons!
Si vous voulez que le sang généreux qui a coulé comme l’eau depuis six semaines ne soit pas infécond, si vous voulez vivre libres dans la France libre et égalitaire, si vous voulez épargner à vos enfants et vos douleurs et vos misères, vous vous léverez comme un seul homme, et devant votre formidable résistance, l’ennemi, qui se flatte de vous remettre au joug, en sera pour la honte des crimes inutiles dont il s’est souillé depuis deux mois.
Citoyens, vos mandataires combattront et mourront avec vous, s’il le faut. Mais au nom de cette glorieuse France, mère de toutes le révolutions populaires, foyer permanent des idées de justice et de solidarité qui doivent être et seront les lois du monde, marchez à l’ennemi, et que votre énergie revolutionnaire lui montre qu’on peut vendre Paris, mais qu’on ne peut ni le livrer ni le vaincre!
La Commune compte sur vous, comptez sur la Commune!
Le délégué à la guerre,
Ch. Delescluze,
Le Comité de salut public: Ant. Arnaud, Billioray, E. Eudes, F. Gambon, G. Ranvier.

Lundi 22 mai 1871 22maiordebas

ORDRE
Malgrè le zèle déployé par les commissions d’enquête et de recensement, un grand nombre de gardes ne rejoignent pas leurs compagnies. C’est plutôt indifférence que manque de patriotisme; mais à l’heure présente, l’indifférence est un crime. Lorsque les hommes qui nous ont livré à l’étranger employent, aujourd’hui que leur position et leur fortune est en jeu, un courage et des moyens de destruction dont ils n’ont pas voulu se servir contre l’ennemi; lorsque des vieillards, ayant déjà un pied dans la tombe, frappent sans pitié les vieillards, les femmes et les enfants; lorsqu’on discute ouvertement à Versailles si Paris sera détruit en tout ou en partie; lorsque le sang le plus pur et le plus généreux de la France est versé chaque jour par ceux qui, non contents de vous assassiner, tentent de nous déshonorer; en ce moment suprême, le devoir de tout citoyen est de prendre les armes et d’aller aux remparts défendre notre chère cité.[…]

Mardi 23 mai 1871 23maibas

FAIT DIVERS
Au club Séverin, le citoyen Pacotte a raconté qu’une pauvre femme blessée aux avant-postes, et qui est encore à l’Hôtel-Dieu, avait reçu à sa question du docteur Maisonneuve,
– En ai-je pour longtemps?
Cette réponse inqualifiable:
– Non, mais nos braves soldats (c’est des Versaillais qu’il est question), mais nos braves soldats auront auparavant anéanti le bataillon où se trouve votre mari et tous ces misérables insurgés!
Le club ayant choisi aussitôt trois citoyens pour accompagner le citoyen Pacotte à l’Hôtel-Dieu et s’assurer de la véracité de cet infâme propos; il s’est trouvé exact.
Alors la salle indignée a voté, à l’unanimité, que le nom de ce misérable serait signalé par la voie des journaux à l’indignation publique, et que la Commune en serait avisée.

fleche                                                                                                  Mercredi 24 mai 1871

fleche_retourMercredi 17 au samedi 20 mai 1871

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