« J’ai pris des morceaux de ma vie, et je les ai cousus aux morceaux de la vie des autres […]
Il est doux de sentir venir à soi des tendresses étrangères, quand on a été incompris et supplicié par les siens.
Avoue la joie que tu éprouves à te découvrir une famille, qui t’aime plus que ne t’aima ma tienne et qui, au lieu de t’insulter, ou de rire de tes grands espoirs, tend ses bras vers toi et te salue – comme dans les campagnes on salue l’aîné qui porte l’honneur et le fardeau du nom.
Oui, c’est là ce qui m’a pris l’âme.
Je me sens apprécié par quelques-uns et j’en avais vraiment besoin. »
Jules Vallès, L’Insurgé
Journaliste, Vallès a toujours pensé l’écriture comme collective et dialogique ; écrivain, il n’a jamais cessé d’affirmer ses idées « comme des cibles ou des drapeaux » ; militant, il a conclu avec la foule un pacte solidaire contre un monde mal fait et ses défenseurs obstinés. Le colloque « Jules Vallès : affinités, antipathies » (Autour de Vallès n° 33) a étudié certaines de ces relations passionnées qui lient Vallès à ses contemporains ; voici quelques portraits, pour donner un visage à ces amitiés et (parfois) à ces haines.