En 1876-1877, Jules Vallès, exilé dans la capitale anglaise, publie dans le journal L’Événement une série d’articles intitulée « La Rue à Londres », poursuivie dans Le Voltaire sous le titre « Lettres de Londres ». D’emblée, l’auteur a songé à composer un livre, ayant sa cohérence et son unité esthétique ; il ne s’agit pas de chroniques d’actualité, mais d’une forme de « reportage social » avant la lettre – l’écrivain explore les bas-fonds de la cité des brumes, recueille des instantanés de la misère quotidienne, esquisse un « tableau de Londres » pour faire pendant aux innombrables Tableaux de Paris qui ont prolongé l’œuvre de Sébastien Mercier.
Charpentier publie l’œuvre en 1884 : c’est un bel in-folio, tiré à six cents exemplaires numérotés, illustrés de vingt-deux eaux-fortes hors-texte, et de soixante-douze dessins d’Auguste Lançon – qui, comme Vallès, participa à la Commune de Paris, mais fut finalement acquitté.
La revue Les Amis de Jules Vallès a consacré son numéro 30 (décembre 2000) à La Rue à Londres.
« Peindre vrai, c’est assurer, toujours et quand même, le triomphe de la vérité […] À contempler les luttes horribles ou les pauvretés lamentables, on sera pris de haine pour ceux qui oppriment et de pitié pour ceux qui souffrent ! Vous n’êtes ni le ministère public ni la défense : vous êtes des témoins ! – La vérité, toute la vérité, rien que la vérité ! »
Jules Vallès, « Les Actualistes », Le Courrier français, 17 juin 1866