Journal Officiel de la République Française. Séance du 27 avril 1871.
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Le président donne lecture de l’interpellation suivante déposée par le citoyen Courbet.
«Dans une communication du gouvernement de Versailles, adressée aux préfets le 10 ou le 12 courant, M. Thiers, annonce que la lutte contre Paris sera poursuivie avec autant d’énergie, et sans s’arrêter aux sacrifices, comme l’a déjà fait l’Amérique du Nord contre le Sud.
Mettant de côté l’inexactitude de la comparaison (car ici c’est Paris qui combat pour la liberté et le droit de l’homme), je constate que M. Thiers, en nous comparant aux fédérés du Sud, n’a pas songé à nos droits de belligérants.
Il n’ y a pas songé évidemment: car ce n’est pas après avoir pris ses ordres que Vinoy a fusillé Duval. Selon le droit de tous les peuples, selon le droit international, selon les antécédents de la guerre civile, on n’est insurgé que les premiers jours, et l’on reconnaît toujours le droit de combattre les armes à la main à un parti qui s’est organisé militairement et qui combat de bonne foi, en lieu et place de l’Etat, pour un principe de droit public; le parti qui est assez fort pour s’organiser militairement, et qui donne des garanties d’ordre, est belligérant de fait. Et remarquez, citoyens, que nous ne sommes pas en lutte depuis un mois seulement, nous luttons depuis le 4 septembre.
Il est donc temps que l’Europe reconnaisse nos droits, et le citoyen P. Grousset aurait du commencer par réclamer de tous les peuples la reconnaissance formelle de nos droits de belligérants. Avant tout, c’est une question importante que je recommande spécialement à la commission des relations extérieures.
G. Courbet.
P.S.— Il y a plus de cent et un jours que nous luttons contre le gouvernement de Versailles, tant moralement que les armes à la main.»
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