Samedi 15 avril 1871
Ordre. A partir d’aujourd’hui, les chefs de légion ne commanderont aucun service dans leur arrondissement sans l’ordre de la place, qui seule règle, d’après nos instructions, le service à fournir. On commande des bataillons là où cinquante hommes suffiraient, et à tout propos on dérange inutilement des citoyens qui seraient bien mieux dans leur lit que là où les envoie un zèle intempestif. Le délégué à la guerre profite de cette circonstance pour rappeler la défense de battre le rappel ou la générale sans ordre de la place.
Le délégué à la guerre,
Cluseret.
Dimanche 16 avril 1871
Tout semble fini ; la nuit a été terrible. la bataille n’a pas cessé depuis dix heures du soir. C’est le fort de Vanves qui a supporté l’attaque la plus violente. Les royalistes ont fait des pertes énormes. Ils sont repoussés sur toute la ligne. C’est une victoire à inscrire sur le drapeau de la Commune. Nos fédérés sont des héros ; ils se sont battus comme des lions. Je vous demande de les mettre tous à l’ordre du jour. Mais nous devons une mention spéciale au citoyen Ledrux, gouverneur du fort de Vanves. Je vous adresserai un rapport détaillé quand tous les renseignements me seront parvenus.
Le général commandant les forts du sud,
Eudes
Quartier général de Neuilly au citoyen général ministre de la guerre.
Le siège de Neuilly avance. Nous occupons tout un nouveau quartier; nous avons emporté trois barricades, et même, sur l’une d’elles, pris un drapeau aux zouaves pontificaux et un drapeau de l’infanterie de ligne. L’esprit des troupes est bon la garde nationale fait des progrès et montre beaucoup d’entrain.
Le commandant de la place de Paris.
J. Dombrowski.
L’hôpital militaire du Val-de-Grâce a reçu le cadavre du citoyen Germain (Eugène), peintre, demeurant rue Mazagran, 30, barrière Fontainebleau. Germain, qui faisait partie du corps des Enfants-perdus, a été tué à Bagneux le 15 avril 1871. Nous invitons les citoyens qui connaîtraient la famille du défunt de bien vouloir en avertir le directeur de l’hôpital militaire auquel on est prié de communiquer tous les renseignements qui pourront faciliter les recherches.
Mercredi 19 avril 1871
La Commune, considérant qu’il est impossible de tolérer dans Paris assiégé des journaux qui prêchent ouvertement la guerre civile, donnent des renseignements militaires à l’ennemi, et propagent la calomnie contre les défenseurs de la République, a arrêté la suppression des journaux le Soir, la Cloche, l’Opinion nationale et le Bien public.
Extraits des registres d’ordres. Au nom de la Commune, le citoyen Junot (Hippolyte) est nommé au commandement de la canonnière La Claymore. – Le citoyen délégué au ministère de la marine porte à la connaissance des commandants et équipages de la flotille, que le citoyen Jean Sholl, commandant de la batterie n° 5, a été arrêté et est détenu pour avoir quitté son bord et s’être mis dans la position d’être arrêté par la garde nationale. – La démission du citoyen Bourgeat, capitaine de la canonnière La Liberté (ex-Farcy), est acceptée.
Le délégué au ministère de la marine, Lattapy.
Sur les justes demandes de toute la corporation des ouvriers boulangers, la commission exécutive arrête: Art. 1. Le travail de nuit est supprimé.
Art. 2. Les placeurs institués par l’ex-police impériale sont supprimés. Cette fonction est remplacée par un registre placé dans chaque mairie pour l’incription des ouvriers boulangers. Un registre central sera établi au ministère du commerce.
La commission exécutive :
Cournet, A. Vermorel, G. Tridon, Delescluze, Félix Pyat, Avrial, E. Vaillant.
Vendredi 21 avril 1871
Asnières. (Hier, 4 heures du soir.) – Le colonel Olokowicz a été blessé à la tête et aux bras et a reçu une forte contusion aux reins. Le capitaine de Gournay renversé sous le colonel sans blessures. On dit qu’il y a eu trois maisons d’écroulées, quelques hommes auraient été pris sous les décombres. Les magasins de munitions qui se trouvaient dans la cave d’une de ses maisons sont intacts. On a construit de solides barricades en terre. Ce matin, le brave capitaine Culot a eu la tête emportée par un obus en face de l’ambulance de l’imprimerie Paul Dupont. Les Versaillais continuent à tirer sur cette ambulance. A 4 heures du soir, malgrè ses blessures, le colonel Olokowicz a fait l’inspection des batteries et donné des ordres. Le feu continue sur toute la ligne. Le moral des troupes est excellent, l’ennemi tire peu.
Le public est prévenu que l’école communale de garçons située fg St-Martin, 157, vient d’être confiée à la direction d’instituteurs laïques, offrant toutes les garanties d’instruction et de moralité désirables. L’enseignement exclusivement rationnel, comprendra la lecture, l’écriture, la grammaire, l’arithmétique, le système métrique, les premiers éléments de la géométrie, la géographie, l’histoire de France, la morale rationnelle, la musique vocale et le dessin artistique et industriel. Tous les enfants de six à quinze ans, quelles que soient leur nationalité et la religion qu’ils professent, seront admis sur la présentation d’une carte délivrée par la mairie. […]
Le président de la commission de la 10e légion,
Leroudier.
Direction des ambulances.. […] Considérant que la Commune a décrété la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et que, d’une autre part, il importe de laisser toute liberté à chaque citoyen de vivre et de mourir selon sa croyance, s’il en a une, j’ai fait enlever des salles d’ambulances tout insigne religieux de n’importe culte; j’en ai interdit l’entrée aux membres de toutes les sectes ou corporations religieuses, tout en procurant immédiatement au blessé, qui en fait la demande, la visite du ministre de sa religion, curé, pasteur, pope ou rabbin.
J’ai surtout eu soin d’écarter des blessés ces visites fatigantes de gens qui, sous prétexte de religion, viennent démoraliser les blessés, et ajouter aux souffrances physiques des tortures morales, […] leur faisant un crime du grand combat soutenu au nom du droit et de la République universelle, au point de les faire rougir de leur glorieuses blessures.
Dr Rousselle.